Nos anges meurent de nos blessures, de Yasmina Khadra

Le moyen de s’en sortir lorsque l’on nait dans un bidonville  est de frapper l’imagination des autres, se démarquer en devenant le meilleur de sa spécialité : fusse par la force de frappe générée par l’ambition et la faim !

Turambo, le personnage principal, devient boxeur pour fuir sa condition d’indigent du bidonville de Sidi Bel Abbès dans les années 1920. Un parcours de l’ombre à la lumière se finissant dans la silhouette d’une guillotine très républicaine. Un texte prenant ou la droiture le dispute à la mésestime de soi : l’ambition d’un ciel plus bleu peut-elle étouffer les valeurs auxquelles croit Turambo ? Le champion est adulé par ses victoires. Ce qu’il est réellement ne compte pas pour ceux qui l’encensent : un champion n’est que le trophée de ses aficionados, le fer de lance d’une cause au détriment de son ambition personnelle.



C’est un thème cher à Yasmina khadra que de démonter les mécanismes faisant d’un homme droit un terroriste, d’un moins que rien un héro. A chaque nouveau roman le talent qui lui est propre conduit le lecteur, non à s’insurger, mais à épouser la cause du personnage principal : il recrée de syndrome de Stockholm. Chez Yasmina Khadra, la révolte vient dans un second temps, après une période d’incompréhension incubatrice. Elle devient une conséquence inéluctable pour la survie. La mort, souvent présente dans les romans de cet auteur, est une douceur sur le purgatoire vécu par les personnages : l’homme se grandit par ce qu’il fait, rester passif revient à mourir vraiment dans la misère les ayant vu naître. Dans ce monde de petits, de laissés pour compte, mourir ressemble à une délivrance ; ce n’est pas une cruauté, loin de là, juste une suite logique du sort jeter par la fée Carabosse. Lorsqu’on n’est  rien, ne possède rien, trépasser voisine l’espoir d’un quelque chose qui, de toute façon, ne peut être pire. N’ayant rien à perdre, tout est possible !



Des émotions sombres n’empêchant nullement les personnages d’éprouver des sentiments forts : eux aussi ont une vie, famille, femme et enfants. La tendresse dont sait faire preuve Yasmina Khadra s’exprime là parfaitement. Une affection qui peut parvenir à blesser l’âme, égratigner l’amour propre, émousser la fierté du citoyen déliquescent se débattant pour donner un semblant de logique aux siens, leur ouvrir un rayon de soleil pour réchauffer leur taudis.

Les romans de Yasmina Khadra ont aussi une dimension sociologique dont seul un homme ouvert aux autres, imprégné de cultures antipodiques peut témoigner. En effet, Il est né algérien français au temps de la colonisation : il est né bougnoule et déjà la violence entreprenait le modelage de son raisonnement. L’école de la république et ses années de formation militaire, l’on partagé entre ces deux univers qui ne sont jamais vraiment parvenus à se comprendre. La tradition le disputant à la logique coloniale, l’ambition des uns contrariant l’aspiration des autres. Un dialogue de sourd devant déboucher sur une juste indépendance, identiquement outrancière des deux bords. Pourtant, se sont deux peuples qui ne cessent de se déchirer entre le souvenir et l’espoir. La blessure de l’égo générant la haine avec son lot de tragédie, tout comme un couple se déchirant d’un amour trahi. L’occident convoitant la belle orientale, qui, de son côté, désire la stabilité qu’inspire la rive nord de la méditerranée.

Description de l’ouvrage

Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désarmante et un direct du gauche foudroyant. Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme. De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie.
Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maitres absolus, l’amour se met parfois en grand danger.



A travers une splendide évocation de l’Algérie de l’entre-deux-guerres, Yasmina Khadra met en scène, plus qu’une éducation sentimentale, le parcours obstiné – de l’ascension à la chute – d’un jeune prodige adulé par les foules, fidèle à ses principes, et qui ne souhaitait rien de plus, au fond, que maitriser son destin.

Revue de presse

« Les scènes émouvantes et les dialogues savoureux du dernier roman de Yasmina Khadra dressent une belle galerie de portraits de femmes et de gens cabossés. » Mohammed Aïssaoui – LE FIGARO

–Ce texte fait référence à l’édition CD .

Biographie de l’auteur

 Crédit photo moi même

Yasmina Khadra est l auteur de la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L Attentat et Les Sirènes de Bagdad. La plupart de ses romans, dont À quoi rêvent les loups, L Écrivain, L Imposture des mots et Cousine K, sont traduits dans 42 pays. Ce que le jour doit à la nuit Meilleur livre de l année 2008 pour le magazine LIRE et prix France Télévisions 2008 a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L Attentat a reçu, entre autres, le prix des libraires 2006. Son adaptation cinématographique par le réalisateur Ziad Doueiri sort le 1er mai 2013 sur les écrans. Présenté dans plusieurs festivals, le film a déjà reçu le prix du Public à Bastia et L Étoile d or à Marrakech. Une adaptation théâtrale de L Attentat est également prévue en 2013.

Détails sur le produit

  • Broché: 408 pages
  • Editeur : JULLIARD (22 août 2013)
  • Collection : ROMAN
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2260020968
  • ISBN-13: 978-2260020967
  • Dimensions du produit: 22,4 x 14,2 x 3,6 cm

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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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