Comment je suis resté un inconnu, par Jean-Fabien


Affirmation en guise d’interrogation classique de notre époque, ce titre reflète parfaitement une forme de mal-être joyeux, presque cynique, propre à toute une génération allant de 30 à 40 ans. On veut rester jeune et en profiter au maximum. On a un boulot convenable, mais on s’ennuie… Rester jeune, c’est refuser de s’installer dans la vie, de fonder un foyer, de prendre la responsabilité d’une famille. En approchant de la quarantaine, soit on se range au dictat du boulot-métro-famille-dodo ; soit on se tourne vers plus jeune afin de cultiver par la séduction débridée l’illusion d’une adolescence éternelle.

Le personnage principal du roman de Jean-Fabien opte pour la collection de conquêtes féminines, cela le rassure. Un échec dont il ne s’est pas vraiment remis occupe encore ses pensées, malgré lui. Il fuit en avant pour se croire libre de toute entrave. Bien qu’il s’en défende sous des airs de modestie : il est fier de lui, le monde lui appartient. Toul serait parfait si son Ex ne pointait pas le bout du museau en mode tornade, pour lui annoncer qu’elle a publié son roman impubliable sous son nom, à elle. Le Wannabe bloggeur s’était ramassé avec son roman. Inconnu de l’édition, nul ne voulait de son livre. La bougresse, avec ses yeux de velours et sa plastique irréprochable a fait mieux avec le même texte ! Pour jean Fabien c’est un choc, une blessure d’amour propre, une remise en cause attestant son côté loser. De plus, l’éditeur de la souris lui demande le second opus de sa littérature, que bien-sûr elle lui demande de rédiger au plus vite. Trop heureux de cette reconnaissance indirecte, mais horriblement vexé : il saute sur tout ce qui bouge dans le beau sexe en ayant de la grâce et un maximum d’atouts physique par vengeance, pour se sentir encore maître de lui. La fuite est un système perverse qui conduit, parfois, ailleurs que ce à quoi l’on pense.

Désabusé, souvent drôle ― et il est rare qu’un livre me fasse rire ―, Son personnage est attachant, tendre bien qu’un peu trop émule de Narcisse, parfois, mais avec le sourire pour calmer le jeu. Ce roman est la cartographie d’une génération, un grand moment de détente. C’est aussi un grand clin d’œil à tous les auteurs inconnus et non publiés se rêvant sur les têtes de gondoles des librairies et, Dieu sait qu’ils sont nombreux… Gageons que cet auteur ne restera pas un inconnu !

Présentation de l’éditeur

« Cinq ans déjà ont disparu sans qu’aucun obstacle ne vienne perturber l’écoulement paisible de cette rivière de questions qui compose l’essentiel de ma vie insipide.
Plusieurs années que j’ai renoncé. À chercher un but à tout cela. À devenir ce que je suis censé être, pour peu que cette réalité existe dans un univers parallèle quelconque. Pompier involontaire ? Informaticien sans boutons ? Écrivain à la dérive…
Maintenant, je le sais pourtant. L’heure du réveil a sonné.»

Jean-Fabien possède la panoplie complète pour être heureux : un boulot épanouissant avec une chaise à roulettes, une clef de douze, un pull en laine sans trou et un anonymat confortable.

Il a même plusieurs femmes à ses pieds – ou pas loin – et un ami fidèle et proche (en tout cas plus proche du boulet que du canon, lui).

Et pourtant, ça le démange, il faut que ça bouge. Ou alors, il est allergique à la laine.

Mettre fin à son célibat serait une sorte de mouvement, se dit-il.

Se faire publier aussi, s’ajoute-t-il (car il est fort en addition).

C’est qu’il se pose beaucoup de questions mais obtient peu de réponse.

Un héros moderne, en somme (même si là, il ne s’agit plus d’addition).

L’amour et l’écriture sont les deux mamelles des nouvelles aventures de Jean-Fabien, loser sympathique en roue libre, qui revisite le thème du nègre littéraire à travers ce troisième ouvrage où l’on croisera des blondes, des rousses, pas beaucoup de lave-linges à hublot, mais quand même un détective privé et quelques vampires égarés.

Biographie de l’auteur

Auteur de deux précédents romans oubliés (« Le journal d’un écrivain sans succès » et « La perspective du primate ») et d’un recueil de mauvaises nouvelles (« L’inconvenance du désastre »), Jean-Fabien n’a jamais fait grand-chose de sa vie (en tout cas, rien de notable) ce qui rend l’exercice biographique particulièrement pénible. Ceci dit, il raconte pas mal de bobards, si j’étais vous, j’aurais tendance à me méfier de ce qu’il peut déblatérer. Il est tout de même collaborateur régulier du site Femina.fr d’où les chroniques du livre sont issues. Pour le reste, il aimerait bien avoir un chat.
Détails sur le produit

• Broché: 272 pages
• Editeur : Paul et Mike (9 juillet 2015)
• Collection : P&M-ROMANS
• Langue : Français
• ISBN-10: 2366510675
• ISBN-13: 978-2366510676
• Dimensions du produit: 21,4 x 14,9 x 1,9 cm

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
Ce contenu a été publié dans Achat livre, Critiques littéraires, Livres, Romans contemporains, Se faire éditer !..., avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire