La peur bleue, de Maurice Gouiran

Dans le sud de la France, des vieux harkis finissent leur vie au soleil du midi. En fin, presque tous, car l’un d’entre eux est retrouvé assassiné d’une façon ignoble. La mise en scène est impressionnante, d’une violence rare. De plus, c’est le père d’un flic de Marseille. L’enquête mets vite en évidence qu’il ne s’agit pas d’un, mai de quatre meurtres semblables qui ont été perpétrés. Pour tenter d’y voir plus clair, le capitaine Emma Govgaline et son équipe vont devoir fouiller l’histoire des harkis, plonger dans les dessous d’une guerre vieille de 60 ans. Les meurtres spectaculaires ne touchant que des octogénaires, le point commun doit remonter à une histoire très sale dont les traces se perdent dans le tréfond des mémoires. Ils vont devoir s’immerger dans le sort des harkis ayant combattus pour la France, avant d’être rejetés de part et d’autre de la Méditerranée. Ces pères tranquilles n’ont rien à se reprocher, alors qu’est-ce qui peut justifier une telle violence dans une mise en scène grandiose comme aucun film d’horreur n’aurait osé avoir l’idée ? Puisqu’il n’y a pas de délit, la voyoucratie ne semble pas concernée. Pour pouvoir perpétrer de tels actes, il faut avoir un ressentiment ayant tourné vers une forme de folie. Une folie suffisamment organisée pour éviter de laisser des traces. Les autorités se montrant timides pour défendre des vieux dont nul ne se soucie, Emma et son équipe vont se mettre en quatre pour mettre sous les barreaux l’auteur de ces mises en scène macabres.
,Le sort des harkis est une verrue dans l’histoire de France. Une histoire sale avec notre regard d’aujourd’hui. Dans les années soixante, la vision de l’époque était tout autre, la guerre d’Algérie avait laissé des traces violentes dans la mentalité de l’époque. L’Algérie devenue indépendante, ces arabes français n’étaient pas les bienvenus. Parqué dans des camps sordides, ils n’ont cependant pas défrayé la chronique, se faisant oublier pour tenter de vivre malgré tout. La violence extrême des meurtres laisse la police perplexe. Pour avoir une telle rage, le meurtrier, dont le mobile semble être la vengeance, doit avoir un point commun avec ces pères tranquilles. Ce peut-il qu’il ait attendu 60 ans pour assouvir ces représailles ? Maurice Gounran nous entraîne dans les dessous d’une guerre sale dont tous semblent vouloir effacer le souvenir. Se faisant, il nous montre une face cachée de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Maurice Gouiran nous offre ici un polar aussi noir que peuvent l’être des crimes ignobles, perpétrés avec un souci du détail apte à choquer l’opinion. Tuer par vengeance est d’un banal triste à pleurer, là, l’auteur des crimes veut laisser sa marque, qu’on s’en souvienne ! Son combat, il désire qu’il reste dans les annales du crime. Au travers de ces actes odieux, il fera payer à la France entière l’Algérie française, la décolonisation et, une autre blessure le touchant de près. Dans un polar, on aime bien se faire des frissons, avec La peur bleue, le lecteur s’en fera une belle ! C’est froid, sanglant et méthodique comme une punition ultime. La vengeance est un plat qui se mange froid, celui-ci, après 60 ans de placard n’en sera que meilleur.

Présentation de l’éditeur

Plusieurs meurtres de vieux harkis, dans une scénographie aussi horrible que spectaculaire, semblent dégager d’effrayants relents de vengeance. Mais qui peut en vouloir aujourd’hui à ces octogénaires ? Et pourquoi ? Clovis Narigou se laisse entraîner, une fois de plus, dans une enquête qui fera resurgir les vieux fantômes et les non-dits d’une guerre d‘Algérie qui n’osa jamais dire son nom. Ses investigations lui feront découvrir la bleuite – une vaste opération d’infiltration et d’intoxication qui, excitant la paranoïa des willayas, déclencha de sanglantes épurations – mais aussi la dramatique situation des harkis, indésirables en Algérie et malvenus dans une France qu’ils ont servie. Les recherches de Clovis Narigou et de la capitaine Emma Govgaline s’avèrent d’autant plus délicates qu’il y a de l’électricité dans l’air : la cité phocéenne est en proie au scandale de l’habitat indigne, des immeubles effondrés et des logements insalubres loués par quelques élus locaux indélicats. Et comme le commissaire Arnal a bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper de la mort de quelques vieux Arabes, Clovis et Emma feront le boulot…

Un peu de l’auteur

Source image Babelio 

Né le 21 mars 1946 au Rove (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, dans une famille de bergers et de félibres.
Il passe son enfance dans les collines de l’Estaque, avant d’effectuer ses études au lycée Saint-Charles et au lycée Nord de Marseille, puis à la Faculté, où il obtient un doctorat en mathématiques. Sa thèse, « Ondes de souffle avec relaxation de vibration » a été exploitée dans le domaine de la propulsion.
Spécialiste de l’informatique appliquée aux risques et à la gestion des feux de forêts, il a été consultant pour l’ONU. Il enseigne également à l’université.
Depuis 2000, il a écrit de nombreux romans policiers, dont plusieurs ont été primés1. Dans son numéro spécial d’avril 2016, le magazine Marianne le classe parmi les 30 auteurs français qui comptent…

Inébranlable. Dans ses polars, Maurice GOUIRAN ne s’attache pas aux chiffres de l’Histoire, il s’attache à la chair, à la terre et aux hommes. Il nous conte les méandres de leurs vies, il met des noms sur les morts… Il fait remonter à la surface les souvenirs, les tabous, les non-dits… Il nous fait sentir les brûlures du soleil, les odeurs des collines, il fait suinter la souffrance et la peur des victimes… Il n’invente (presque) rien, il n’enjolive pas (ou si peu), il ne donne pas de leçon, il nous ouvre les yeux !

« La guerre d’Algérie n’a été que rarement relatée par l’écrit et l’image, même si les quelques films et romans qui lui furent consacrés restent dans nos mémoires. Elle est toujours l’objet d’interminables polémiques, d’interprétations et de clichés partisans, voire volontairement déformés. Soixante ans plus tard, ses plaies tardent toujours à se refermer. Même si je n’y ai jamais participé personnellement, elle reste un conflit majeur qui a marqué mon enfance. Abordé dans Les vrais durs meurent aussi, j’ai toujours pensé que ce conflit méritait un plus grand développement, à condition bien entendu de trouver un angle de vision novateur. L’opération menée à partir de 1958 sous le nom de « bleuite » (qui donne son nom au roman) m’a paru assez significative à ce sujet. Elle me permettait, en outre, d’aborder le problème des harkis. Quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir sur l’engagement des harkis, force est de reconnaître que le sort que la France leur a réservé est assez indigne. Le second angle d’accroche de cette histoire est le scandale des logements indignes et des immeubles effondrés qui secoue la ville depuis plus de deux ans. J’ai déjà abordé le problème de la pression immobilière à Marseille (dans Train bleu, Train noir ou Putains de pauvres ! notamment) mais en novembre 2018, les choses avaient empiré : l’appât du gain de quelques-uns avait tué et l’indigence des projets municipaux dans ce domaine, porté au regard de tous, était flagrante. » Maurice Gouiran.

Détails sur le produit

• Éditeur : Jigal Editions (20 mai 2021)
• Langue : Français
• Broché : 256 pages
• ISBN-10 : 2377221270
• ISBN-13 : 978-2377221271
• Poids de l’article : 249 g
• Dimensions : 14 x 2.1 x 21 cm

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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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