Prisonnière des mollahs, de Zarah Ghahramani


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De ce livre sur la violence des geôles islamistes les plus dures d’Iran, émane un profond sentiment de tendresse.
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Issue de la jeunesse dorée iranienne, Zarah voit défiler la révolution plus qu’elle ne la vit. Inscrite à l’université, elle se trace un avenir se voulant souriant, loin de la politique, de l’intégrisme et de tout fanatisme. Elle se fond dans les groupes de jeunes qui se redessinent le monde, protestant comme des adolescents qui se veulent affranchis. Zarah rêve d’amour, de ballerines roses et de liberté de penser. Il lui faut un instant pour comprendre que sa vie bascule alors qu’elle rentre chez elle ; des hommes s’en saisissent et la conduise dans la prison politique la plus dure du pays, sans l’ombre d’une explication. Au fil des interrogatoires, elle se sent prête à signer n’importe quoi, l’improbable surtout. Sévices et violence sont omniprésents entre ces murs, comme une crasse dont on ne peut se défaire.
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La vie entre deux séances de questionnement, plus insidieuse qu’interrogatives, dans une cellule de deux mètres carrés, lui permet de faire un travail de réflexion sur elle-même et sur sa vie jusqu’ici. Sans pour autant tomber dans le syndrome de Stockholm, elle se surprend à comprendre certaines choses, parfois ; se surprenant malgré elle à admettre quelque déviance avant de se ressaisir. Seule la protection de son ancien petit ami, homme jouant un jeu étrange proche du pouvoir, lui épargnera le viol ; resteront les passages à tabac. Peu à peu, avec les jours qui se suivent, elle apprend que l’on peut se passer de tout, particulièrement de sa dignité pour se recentrer sur sa seule survie, instinct grégaire de tout un chacun. Elle finit même par se trouver quelque amitié avec un autre détenu, se recréer une vie presque vivable. Sa cellule lui semble alors comme un lieu de sérénité, presque de délices où règne une douce sécurité…

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Jusqu’à sa libération qui suivra un procès aussi utopique qu’expéditif, et sans défense, Zarah devra subir la stupidité et l’obscurantisme de ses tortionnaires. Jamais une certaine tendresse ne quitte ce récit vrai et malgré tout encore très actuel. Le ton est vif, juste et apporte un témoignage édifiant sur cette partie agitée du monde. Un regard sans pitié sur les dérives que génère les dictats d’où qu’ils soient et, pour quelque motif qu’ils fussent. En outre, ce livre aborde avec un oeil éclairé le versant religieux de cette histoire, avec pour argutie que Dieu ne demande pas un tel zèle…

Quatrième de couverture : En 2001, Zarah Ghahramani, étudiante en langues impliquée dans le mouvement contestataire étudiant, est enlevée en plein jour par la milice des mollahs. Condamnée pour incitation à la violence, elle est enfermée dans la prison d’Evin, tristement célèbre pour ses méthodes de torture. Idéaliste, élevée dans une famille progressiste et tolérante, Zarah découvre l’univers carcéral, les humiliations et les sévices. Pour mettre un terme à la barbarie de ses geôliers, elle reconnaît toutes les accusations et finit par trahir. Récit bouleversant de sincérité, Prisonnière des mollahs raconte au jour le jour cet emprisonnement, et fait la chronique douce-amère d’une jeunesse à Téhéran après l’instauration de la république islamique.



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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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