Le piano de satin, de Geneviève Convain

 

Accompagné la mort, c’est ressouder la famille !

L’âge contemporain où nous vivons est si rapide que chacun s’isole dans sa bulle, un monde dont le partage des valeurs familiales se dissipe jusqu’à estomper les souvenirs. L’univers du travail a des exigences telles que le temps manque à tous, isolant nos anciens dans un carcan de solitude peuplé d’images du passé. Nul ne dispose d’une liberté suffisante pour leur consacrer mieux qu’une visite, le week-end, dans la maison de retraite où l’on agite durant quelques minutes les relents des rires anciens. Souvent, la seule réponse est le masque figé  du vieillard, le regard vague, le geste tremblant ne saisissant plus le monde où il vit encore. Parfois, l’espace d’une ou deux journées, le vieux vient à la maison pour une apparence de fête, une réunion de famille dont tous espèrent voir le soir venir promptement : il est des devoirs qui dérangent un peu…

Geneviève Convain, dans le piano de satin, nous raconte avec brio ce genre de scène de vie. Cela aurait pu être lourd et dérangeant, mais sans céder à la sinistrose, par des touches légères et plaisantes, empreintes d’une mémoire souriante d’amour filial, l’auteur fait de cette fin de vie un argument fédérateur ; réveillant les plaisirs d’hier, pardonnant les péchés de naguère, chacun redécouvre en accompagnant Papillou vers son destin combien il est bon de se savoir proche des siens.

Ce roman est une ode à la vie, chargé d’affection et de pudeur. Une histoire si palpable que le lecteur saura s’y reconnaître, sans pour autant se garder de sourire face à tant de tendresse. Au long d’une vie, tous se rapprochent autour des enfantements en essayant d’occulter que le décès fait partie de cette fortune fabuleuse. L’accompagnement vers la mort d’un patriarche peut devenir aussi doux qu’un geste d’amour ; c’est un souffle courageux liant au-delà des préjugés, une remise en cause des certitudes, un nouveau départ.

Quatrième de couverture

Le piano de satin « Bien sûr qu’il est débranché, Germain ! Il flotte entre deux eaux, celles du sein maternel dont instinctivement il cherche la chaleur et celles de ses larmes d’homme, réservoir aux vannes enfin ouvertes. Entre les deux, il renoue les fils cassés de sa vie. Tâche essentielle et intime entre mémoire et amnésie, flashes et ralentis, euphorie et douleur. Pour cela, il s’est donné la permission de se couper du monde. » C’est une histoire simple comme la vie, comme elle traversée par la mort, comme elle illuminée par l’amour. C’est l’histoire d’une vie qui égrène, noires et blanches, ses dernières notes, celles qui résonnent avant le silence de la fin. C’est une histoire de coeur, celle d’un homme qui va s’éteindre dans la chaleur de son foyer, qui s’en va sans quitter les siens. Ce pourrait être un jour votre histoire.

Éditeur : In octavo éditions, La Celles-Saint-Cloud

 

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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