Dieu surfe au pays basque, d’Harold Cobert

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 Grandir commande toujours au rappel des souvenirs, sans lesquels nul ne saurait devenir.

« En prenant de l’âge, mes souvenirs n’ont jamais été aussi proches de moi » déclarait Jean-Louis Fournier lors d’une interview.

Souvent c’est le cas, lors des errances de vacances, deux jeunes se rencontrent et survient un amour duquel naît l’envie de fonder une famille… Rien de bien extraordinaire, en somme.

Sauf qu’unir deux personnes incarne aussi lier deux passés, se fondre dans l’expérience de l’autre jusqu’à frôler le seuil de rupture, si de l’amour ne surgit pas une assimilation salvatrice de mémoires parfois douloureuses. Dans ce roman, Harold Cobert, sans  se départir de l’humour le singularisant, sait parfaitement doser le grave et le léger.

L’auteur utilise le « je » et « ma femme » pour mieux plonger le lecteur au cœur du livre.

En unissant son célibat forcené à celle devenant l’air qu’il respire, il doit affronter en même temps que la grossesse débutante, la vie éphémère du fils mort-né d’une histoire antérieur de sa femme : autant de sources de bonheur que de chagrin. La croissance fœtale le conduit sur les itinéraires de sa propre jeunesse. Les routes mémorielles sont des points de repère rassurants à l’instant où, d’amante, sa compagne devient mère ; lui de jeune homme revêt un habit un peu trop incertain. Mais c’est également l’occasion de revisiter leur rencontre, les instants de joie, d’insouciance partagée ; autant d’ancrages dont le futur père éprouve la nécessité, pour bâtir le nouvel individu éclosant de lui-même.

Je fais partie d’une génération sacrifiée… C’est ainsi, ou par quelque chose de semblable qu’Harold Cobert  commençait son premier roman paru chez Lattès (Le reniement de Patrick Treboc, 2007). Ce nouveau livre, et quatrième roman, lui semble une forme de prolongement… Après une période de révolte satyrique, un peu…, contre un monde étroit pour la génération dont il est, vient un âge de raison tardif se refusant d’évincer le bouillonnement qui singularise ceux qui, comme lui, peinent parfois à trouver des marques stables entre un passé révolu et un âge nouveau dont l’accouchement se fait attendre. Ce roman, tour à tour grave ou intimiste, n’omet pas de garder l’envie de sourire, de pester contre l’immobilisme de certain ayant, d’avoir le goût de découvrir des lendemains et, pour se parfaire, accéder à la paternité. « Dieu surfe au pays Basque » est une représentation crédible de ce que peut ressentir un homme primipère face à la grossesse de sa compagne : une plongée sans bouteille dans un univers très féminin, un tsunami rasant une liberté synonyme de jeunesse éternelle, avoir à se soucier des autres devant soi ; en bref quitter le babygro pour le costard trois pièces, l’âge des potes pour celui des amis sûrs!

D’un registre très éloigné de «Un hiver avec Baudelaire », ou de « l’entrevue de saint Cloud », plus intimiste sûrement, ce roman reste un grand moment de plaisir malgré la gravité du sujet. Chaque futur père se retrouvera au travers des doutes et inquiétudes du personnage principal. Peut-être aussi ces dames envisageront-elles mieux la différence des ressentis entre les deux sexes : la conception animant vos entrailles n’agite que l’imaginaire de vos conjoints…

Si Dieu vous a conçu pour enfanter, il devait surfer au pays basque pour faire les hommes !

 Présentation de l’éditeur

Ils se sont rencontrés à Biarritz. De cette romance estivale sur fond de plages sauvages et de balades en scooter naît une histoire d’amour, et un désir d’enfant. Le jeune couple parviendra-t-il à conjurer les coups du destin, â préserver l’ivresse des débuts ? Des souvenirs heureux aux épreuves du présent, Harold Cobert explore la vie conjugale du point de vue masculin. Mêlant dérision et tendresse, son échographie d’un père n’esquive rien, ni l’appréhension de la paternité ni la tragédie de la perte de l’enfant à naître. Avec pudeur, comme en équilibre sur la crête des séismes intimes, un roman paradoxalement drôle et bouleversant.

Biographie de l’auteur

 BannièreCrédit photo : Moi même, l’auteur est entouré de Stéphane Nolhart (auteur de romans/biographies) et de François Alquier (journaliste).

Né à Bordeaux en 1974, Harold Cobert est l’auteur de trois romans dont Un hiver avec Baudelaire (2009) et L’Entrevue de Saint-Cloud (2010). Il écrit également pour l’audiovisuel.

Détails sur le produit

Broché: 158 pages

Editeur : Editions Héloïse d’Ormesson (8 mars 2012)

ISBN-10: 2350871886

ISBN-13: 978-2350871882

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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