Adèle, de Brigitte Lesigne

Bannière

La première fois que j’ai rencontré Adèle, c’était en lisant un manuscrit, à la page 8. Je voyais défilé un destin, une vie dans laquelle je me plongeais avec délice : hélas, je la perdis page 26. Frustré de la voir réduite à un seul chapitre, un peu étourdi par ce début d’histoire prometteur, j’insistais auprès de Brigitte Lesigne-Brivois pour peaufiner son travail, en le recentrant sur Adèle qui m’avait tant charmé.  Après un formidable travail de réflexion, une bonne dose de persévérance, le défit fut relevé : Adèle naquit une seconde fois. Aujourd’hui, c’est avec une réelle émotion que je souhaite vous la présenter.

La chronique d’une famille au XXème siècle est en soi-même une épopée fantastique. C’est la période qui a révolutionné notre quotidien, bien au-delà de toutes les prévisions, dont le balbutiement a eu lieu lors de la guerre de 1870 ; quelques décennies sur l’échelle du temps avec son lot de bonheurs et les inconvénients qui parfois  en découlent ; nul n’est à blâmer, chacun faisant de son mieux en fonction de la situation du moment, de ses possibilités, de ses ambitions.

Adèle est une jeune femme. Une clef de voûte appartenant à celles marquant les générations suivantes. Elle est un ressort, un pivot, mais aussi l’assise poussant son entourage vers ce jour neuf où nous sommes aujourd’hui. Sans elle, la structure de sa famille se serait évaporée dans les brouillards de l’usure et les vapeurs armées. Née dans la quiétude d’une bourgeoisie finissante, elle recevra l’éducation seyant à son rang ; une ligne dont Adèle s’honore de conserver, au mieux, les principes fédérateurs dans le tumulte touchant sa vie.

Cependant, Adèle n’est pas une femme aux sources rigides jusqu’à la froideur : elle à un cœur sachant s’éprendre, s’embraser quelques fût la légèreté de sa provenance en regard de certains nobliaus de souche. L’amour est une fureur ravageant les meilleures perspectives et, son bonheur, sera l’aube d’une chute la forçant toujours et encore à se surpasser. Il lui faudra essuyer les vexations entrecoupées de promesses illusoires. De parti convenable, Adèle s’installera dans celui de maîtresse établie : autant dire presque une honte… Le reniement des siens s’atténuera avec les décès et les suites de guerre : le temps usant les colères et les blessures d’amour propre. Puis, la sagesse venant alors que les enfants ont besoin d’attention, des remariages plus ou moins satisfaisants se font au sein des familles. Chacun cherchant à y retrouver un équilibre malgré tout, à s’épauler pour bâtir des lendemains prometteurs.

Le malheur n’arrivant jamais seul, 14/18 est suivit de 39/40, alors que les plaies ne sont pas encore bien cautérisées. Les vies brisées auront besoin de la persévérance d’Adèle pour continuer vaille que vaille d’avancer en restant tous unis. Oui, une chronique du XXème siècle est une gageure incroyable dont nul ne saurait se relever indemne. La vigilance, la ténacité d’Adèle veillera à pousser les siens vers la réussite, assurant le passage d’un siècle à l’autre.

Brigitte Lesigne-Brivois a fait là un travail étonnant de concision pour ramener un roman, qui aurait pu devenir indigeste à trop s’étaler, à l’histoire d’une vie au sens large. Chaque personnage est emprunt d’émotion, explosive ou retenue : voire même n’osant s’avouer par pudeur, par maladresse ; mais aucun ne devient secondaire, n’est atteint d’achromie le rendant  subalterne. Un livre se lisant naturellement, avec un plaisir réel et, sans céder au pathos, qui devient un message d’espoir pour les générations à venir.

Un livre si plaisant à lire que, fait rare, le l’ai relu avec plaisir…

Détails sur le produit

  • Broché
  • Editeur : 7 Ecrit (1 avril 2012)
  • ISBN-10: 2358972126
  • ISBN-13: 978-2358972123

 

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
Ce contenu a été publié dans Biographie, Critiques littéraires, Livres, Romans historiques, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire