Pour seul cortège, de Laurent Gaudé

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’ai un petit faible pour cet écrivain; je l’avoue bien volontiers ! En effet, ce maestro du verbe excelle, presque par magie, à conduire ses lecteurs dans son histoire. Chaque fois, l’immersion dans son univers est éblouissante et, nul n’en ressort vraiment intact. Mieux qu’une simple plongée dans le mode de pensée « Gaudesque », ce prestidigitateur parvient à convaincre de la véracité de sa façon de voir, quelle que soit la confession intime du lecteur à l’ouverture du livre !…

C’est donc avec une grande joie que j’ai ouvert ce nouveau cru, récemment arrivé au courrier. Las, dès les premières pages me venait l’envie, déjà, de zapper plus avant voir si quelque chose se mettait en route… Je l’ai lu, certes avec attention, mais sans sentir cette vibration particulière des autres romans de l’auteur.

Pourtant, il y a matière avec ce personnage haut en couleurs, dont on parle encore de nos jours. Alexandre le Grand, outre ses réussites militaires, ses conquêtes ayant marqué l’histoire ; il s’est hissé au plus haut par son génie. Alexandre le Grand est à la croisée de l’empire grec et de l’orient, son fidèle compagnon Ptolémée fondera la dynastie des derniers pharaons d’Egypte, dont Cléopâtre fit partie… Un tel monument historique méritait bien plus que de s’attarder dans des beuveries sans nom, des comas éthyliques éloignant plus du chamanisme cherché  par l’auteur, que d’une certaine lassitude au fil des pages ! Quant à « la vibration de leur parole », je dois le reconnaître, c’est celle qui me disait de laisser tomber qui sourdait en moi…

Réellement, je suis fort déçu de ce livre, espérant vivement que Laurent Gaudé se ressaisira la prochaine fois, ouvrant, ainsi que décrit plus haut, les portes de l’imagination, les couleurs du rêve, actionnant la réflexion de son public dans de grands moments de plaisir comme il en a le secret.

« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.
Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe, c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité, l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que rester fidèle à la chronique.
Pour seul cortège est un chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il n’y a que ces deux personnages-là et, au cœur du livre, l’énigme de ce qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font avec ivresse. »

Laurent Gaudé

 4ème de couverture :

En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille.
Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

  • Broché: 176 pages
  • Editeur : Actes Sud Editions (22 août 2012)
  • Collection : Domaine français
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2330012608
  • ISBN-13: 978-2330012601

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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