Napoléon, de Max Gallo

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Parce que que c’était lui, parce c’était nécessaire…

La France, que dis-je, le monde entier a entendu parler de lui ! Cet empereur des français, controversé souvent, mais toujours admiré. Il fallait un Max Gallo pour lui rendre les honneurs, avec le tact et la subtilité dont il est coutumier.

Le lecteur y découvre un enfant dont la langue française est un jargon étranger, qui doit quitter son île afin de suivre une formation dans une école militaire continentale, celle du roi Louis XVI. Son parcours le conduira à vivre de près cette révolution, la chute du roi, la terreur, à côtoyer les plus grands personnages de cette époque troublée de sang, de vindicte populaire ; où rien n’est acquis, rien n’est sûr pour personne, où chacun garde un profil bas afin de tenter de survivre… Rapidement gradé, l’ascension de Napoléon Bonaparte est impressionnante. Il est vite promu général de l’armée d’Italie, vainqueur sur chaque front avec ses hommes, il devient une gloire pour une nation balbutiante cherchant à oublier les massacres nationaux dans le sang versé en son nom sur des terres étrangères. Un général dont le pays s’entiche rapidement car son rayonnement glorifie le modèle républicain national victorieux. Un officier acclamé par ses troupes : n’a-t’il pas, au risque de sa vie, pris des positions difficiles en tête de ses divisions, méprisant la mitraille pleuvant sur eux, ayant toujours un geste pour le plus petit d’entre eux ? Des victoires qui embarrassent le pouvoir précaire encore, bien que l’homme ne réclame rien politiquement, car son renom grandit au fil des jours ; il devient une puissance incontournable, un allier du pouvoir ; il est le bras propagateur des idéaux révolutionnaire, le nouveau soleil français… Certes, il rêve de conduire le pays comme il mène ses armées, mais chaque chose en son temps, son heure viendra.

Napoléon incarne si bien l’idée révolutionnaire que ce même pouvoir le craignant le pousse vers la charge d’empereur : n’a-t’il pas bâti un empire au nom des citoyens français, de ses ambitions d’une société nouvelle ?

Général il est et le restera toujours. Rien ne l’insupporte plus que la défaite, les petites veuleries personnelles ; l’égo — excepté le sien — au détriment des visées républiquement siennes. Mais la coutume des hommes ne peut se changer par de simples paroles, par décrets, par lois, sans un éclat magistral. L’empire lui permettra de rétablir dans l’opinion de la population l’idée qu’une colonne vertébrale conduit encore l’état, fut-ce au détriment d’une démocratie à laquelle nul ne songe encore vraiment. La nation c’est lui, une révolution faite homme pour juguler un laisser aller notoire, ranger les désordres et grandir à travers la volonté des français.

Par ses combats, on mesure le choc provoqué par cette mutation en Europe, combien les pouvoirs en place, les coutumes locales avaient besoin d’un Napoléon Bonaparte pour mettre un terme au système féodal en vigueur ; s’il n’a pu unir l’entièreté du continent en une mécanique commune, il a sûrement contribué au changement des mentalités, à l’essor indispensable au renouveau des monarchies décadentes et déclinantes ; car trop enfermées sur elles-mêmes, ouverte aux privilèges intrinsèques et aveugles aux ressentis des individus.

Le monde avait besoin de lui, il y a répondu au-delà de toute espérance : parce que c’était lui, parce qu’il ne pouvait en aller autrement ! Il était la France, pouvait-elle ne pas se plier à ses ambitions, sa vue de l’ordre, sa grandeur ?

Après Charlemagne, saint Louis, Louis XIV, Napoléon puis De Gaule il n’est pas surprenant que l’opinion française ait conservé la notion de grandeur patriotique transparaissant encore aujourd’hui dans l’image laissée par nos dirigeants.

1899 pages pour les quatre tomes consacrés à cet homme illustre, monument du patrimoine français, créateur du code nous régissant encore, bâtisseur des fondements de notre république actuelle ne semble pas de trop. En effet, le talent de conteur de Max Gallo y aidant, les quatre livres se dégustent sans peine, sans lassitude tel un roman.

C’est une époque de l’histoire qui n’est pas ma tasse de thé, mais ces 4 livres sont un régal, montrant un Napoléon sous un jour tour à tour touchant ou personnel, voilent et tendre. Il est vrai aussi que la fin de la révolution de 1789 avait une tout autre sensibilité que la nôtre aujourd’hui.

Napoléon ne disait-il pas de lui que sa vie était un roman !…

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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