Le pays natal, sous la direction de Leïla Sebbar

pays natal

Avec le pays natal on discerne une histoire de cœur, mêlant l’amour et la haine, le remords et la joie d’être singulier, d’avoir eu ce courage souvent malgré soi. Se retourner est une forme d’abdication, un renoncement, alors que le souvenir réchauffe les âmes endolories : d’où qu’il soit, le migrant reste toujours au pays. Le sol natal est un ancrage indélébile, un gène dominant qu’aucun plaisir d’être parti peu circonvenir ; c’est une maladie orpheline à bas bruit, une nostalgie parfois aigre-douce, un sentiment contradictoire, un feu persistant qui aiguillonne le migré dans ses aspirations.

Le pays natal est une forme de phénotype ineffaçable qui s’impose du seul fait d’être présent, un étendard difficile à abaisser, un particularisme parfois dur à vivre lorsque l’on veut se fondre dans la foule. C’est une marque que l’on tente de transfigurer avec maladresse, souvent. Vivre dans une autre nation revient à habiter la maison d’un autre dont on prendra plus ou moins le tempo, entre ici et là-bas.  L’histoire des autres est partout alors que la sienne est entre deux cosmos, mitigée et partagée. Le natif d’un autre territoire vivra mille petites morts pour atteindre un équilibre satisfaisant. La tentation est grade chercher à se rassembler entre affinité commune, pour se retrouver en un terroir habituel, reprendre une assise : se ghettoïser non pas contre, mais juste pour vivre mieux son exil, redresser son épine dorsale en rentrant le soir de sa journée de travail.

Mais le pays natal peut aussi être une mère avec qui l’on se fâche sans pour autant pouvoir s’affranchir définitivement de souvenirs heureux passés ensemble : rompre ce lien maternel permet de grandir dans la douleur d’une adolescence s’aggravant l’âge venant.

L’exilé vivra chaque jour cette phrase : « L’Eternel dit à Abram: Va, quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père pour te rendre dans le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi l’ancêtre d’une grande nation; je te bénirai, je ferai de toi un homme important et tu deviendras une source de bénédiction pour d’autres. Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui t’outrageront. Tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi. » (Genèse 12:1-3)3

Le déracinement pour une renaissance à la vie, le renouveau par le renoncement est une forme baptismale mais séculaire. C’est ainsi que les peuples ont grandi et se sont ouverts au monde des hommes, enrichis dans le partage de leurs connaissances pour construire ensemble un univers qui leur aille. Comme pour les couples nouveaux, il faut un certain temps pour que s’émoussent les traits particuliers afin de ne faire plus qu’un.

Le discours de ceux vantant la richesse qu’apportent les émigrés est une vérité, bien que souvent plus mal perçue par l’amenant  que par le receveur. N’oublions jamais qu’au sein des nôtres le breton reste un breton ; chaque province revendique son particularisme haut et fort ; que le français d’origine italienne se revendique de l’Italie car chacun se construit d’après des racines inculquées dès la prime enfance par des parents faisant le grand écart entre deux univers. Quitter le sol de ses ancêtres revient à risquer de mourir en territoire étranger en fauchant l’histoire de sa lignée. Cela n’est pas une mince affaire et, même si le désespoir motive ce genre de départ vers l’inconnu, reconnaissons la dose de courage des migrants, leur sens de l’ouverture, car souvent, ce sont eux qui s’ouvre à nous et non l’inverse…

Dans ce livre, dix-sept écrivains peignent leur ressenti après avoir laissé derrière eux le berceau qui les vit naître. Avec poésie, passion ou violence, chacun montre une facette différente mais, en filigrane, se ressemblant étrangement sur le vécu de leur migration. Tous se sont particulièrement intégrés  comme le disent les média nationaux dans le but de normaliser ceux qui revendiquent leur différence. Ils ont réussi ce qu’ailleurs ils n’auraient pas réalisé, en sont fier, mais gardent un esprit résolument critique tourné vers leurs semblables.

L’éclectisme  Ptoléméen n’est pas encore prêt de gagner le monde ; si la technique se généralise, force est de constater que la pensée est moins rapide !

Elysad Editions Elysad : http://www.elyzad.com/index.php?option=com_content&view=frontpage&Itemid=1

Le livre sera présent dans de nombreuses librairies, sur Amazon, et autre sites internet dès sa parution,  le 10 mai 2013.

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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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