Honoré Laragne, de Rémi Karnauch

Honoré Laragne est un type atteint par les affres de l’âge, rien que de plus classique me diriez-vous, mais vu par Rémi Karnauch, cela devient un véritable festival. Tour à tour drôle ou caustique, le lecteur se délecte des frasques d’Honoré Laragne. En effet, sans doute issu d’un milieu bien né, Honoré Laragne vit hors de son siècle, toujours accompagné de deux domestiques, jusque dans sa boutique d’antiquité, dont l’article phare est des poupées auxquelles le personnage s’adresse. Sa santé mentale se détériore singulièrement et, le pousse à consulter. La visite chez le toubib vaut le déplacement car notre antiquaire mélange un peu le réel du rêve, au point de tenter la concrétisation desdits rêves. Plutôt que le remettre vertement à sa place, ses interlocuteur se prennent au jeu et, par la raison le ramènent à plus juste mesure.

Au long de ce roman, on se régale de l’humour de l’auteur, on entre dans les réflexions d’Honoré Laragne avec joie. Lorsqu’il a des sorties un peu graveleuses, celles d’un vieux monsieur sur qui pèse la solitude, mais qui se sent encore jeune, on se prend à sourire sans pour autant s’offusquer. Plus notre personnage avance, plus il déraille. Il devient un peu difficile à suivre, parfois, lorsqu’il s’éloigne de son cadre de vie habituel lui servant de point de repère. Toujours avec son carnet de notes en poche afin de ne pas oublier une pensée trop souvent fugace, il tente de naviguer, lui-même ne sachant plus bien vers quelle destination.

Ce roman est un régal à lire, bien qu’un peu trop court à mon goût. La dégénérescence due sans doute à un Alzheimer pas encore gravissime est très bien sentie. Une pathologie justement insupportable sans une bonne dose d’humour.

Rémi Karnauch n’est pas un auteur conventionnel : il ose sortir des stéréotypes, du bien-pensant, du politiquement correct ! Dans ses romans, l’on sent que l’auteur se plonge dans la psychologie des personnages, il les incarne totalement, sans tabou.

Présentation de l’éditeur

Honoré Laragne est un vieux monsieur affecté de plusieurs maladies, peut-être un début d’Alzheimer. Il n’aime personne et se fait berner par tout le monde. Collectionneur, il entretient avec ses poupées des relations sans doute platoniques. Il a engagé deux acolytes pour le seconder, Briffault et Valadin… Valadin et Briffault… il se répète leurs noms devant un médecin, qui s’appelle Lachenal, lui, c’est sûr. Soudain, Laragne monte dans un train, quitte Paris, descend n’importe où, se réveille au fond d’un fossé. Le vieil homme est alors enfermé dans un hôpital. Lecteur d’encyclopédies médicales, très au fait des maladies qui rongent les neurones de la tête, il échappe de peu à une horde en blouse blanche, se réfugie dans un escalier de service. Il y croise M. Golatchick, un tueur en pyjama qui voudrait lui manger le cerveau. Or il n’a déjà plus beaucoup de cerveau. Il se bat contre tous, voudrait être méchant, mais n’y arrive pas. Il parvient de temps en temps à ricaner. Puis tout s’efface.

Un peu de l’auteur

Rémi Karnauch, dont on connaît la verve poétique, déroule ici un récit de facture presque classique. Imperceptiblement la machine se dérègle, la folie guette, le grotesque déferle. Où est le centre de notre pensée ? Comment garder la maîtrise de sa vie ? Faut-il s’échapper ? Faut-il crever ? Faut-il survivre ? Rémi Karnauch n’apporte aucune réponse… et c’est aussi bien comme ça.

Source photo : 

http://www.myspace.com/perilparole

Détails sur le produit

• Broché: 160 pages
• Editeur : H&o (12 septembre 2016)
• Langue : Français
• ISBN-10: 2845473109
• ISBN-13: 978-2845473102
• Dimensions du produit: 21 x 1,4 x 13,5 cm

A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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