L’auberge du gué, de Jean Siccardi

Naître dans les montagnes du sud de la France vers 1900, treizième enfant non désiré, d’un père alcoolique et violent, d’une mère qui depuis longtemps à baisser les bras, présage un avenir des plus sombre ! Le vingtième siècle débute à peine, la république se remet juste des diverses politiques post révolutionnaires, la France s’éveille au modernisme. Dans les coins reculés, on ne se mêle pas de ce qui ne nous regarde pas. Certes on en parle comme autant de confidences grivoises au comptoir après quelques verres, on médit sur le sort des autres afin de ne pas regarder sa propre vie, mais les huis clos de la sphère privée doivent rester les secrets du village.

Néanmoins, c’est toujours la vie qui domine et la loi de l’équilibre de la nature sait réagir. L’enfant, ce porte malheur portant tatoué sur le front ce chiffre maudit du désastre, privé de tout, trouve des échappatoires pour survivre. D’une santé inexplicable, il parvient à se construire un monde à lui comme d’un petit sauvageon, sale et dépenaillé, mais vivant. Treize enfants coûtent cher à nourrir lorsque qu’on boit les maigres ressources de la maison. De plus, le voir tous les jours tel un Juda augurant un malheur à venir est insupportable. Le père Rabuis décide de conduire ce fils exécré jusqu’à une autre ferme, celle des Bertrand. Voudront-ils de lui ?

Jean Siccardi nous offre là un roman lourd d’émotions, qui prend les tripes du lecteur. Avec des mots, il dresse un tableau de cette France que nous avons oublié, que seules les barbes blanches ont pu connaître par les anciens. C’était une France dure lorsqu’on la regarde avec les yeux de l’époque actuelle, mais la vie simple des campagnes avait ses bonheurs. Les lois et la politique se négociaient pourvu que l’on connaisse les bonnes personnes. Ce siècle nouveau désirait la stabilité, les jeunes commençaient à quitter les villages pour les usines. Les paysans s’inquiétaient de la transmission de leurs patrimoines terriens durement acquis. Un fils se devait de prendre la suite afin de poursuivre l’œuvre paternelle.

Jusque-là tout va bien, mais qu’une guerre surviennent, tel un rouage bloqué enrayant le système et c’est tout une logique qui est remise en cause. Le fils appelé sous les drapeaux pour défendre le pays reviendra-t-il prendre la suite du père ? L’être humain est imprévisible, ses convictions l’emportent facilement sur la raison. Pour défendre ses idéaux, l’homme est capable du pire et du meilleur. Cette guerre dite grande, personne n’en voulait, mais tous y sont partis en vainqueurs, heureux de défendre le territoire. Les horreurs vécues dans ce conflit ont bouleversé les consciences, changé les hommes, chacun était obsédé par le désir de sauver sa peau, de rentrer chez soi avec les fantômes des camarades massacrés dans la boue des tranchées. L’héritier des Bertrand saura-t-il survivre à ce marasme ? A la signature de l’armistice, au retour des soldats, les Bertrand ont attendu en vain, mais ils ne cessent d’y croire puisque personne ne sait s’il est mort. De son côté, Noël continue son combat pour vivre, il a retrouvé ses réflexes d’enfance pour se fondre dans la nature. Il souhaite revenir, mais quelques chose est mort en lui, rien ne peut plus être pareil qu’avant.

Il est à souligner qu’au long de ce roman le degré d’émotion est très fort. Jean Siccardi a forcé le trait majestueusement, encore que… Quel talent ! Il possède également le don de rendre captivant un roman du genre terroir. En racontant la France d’antan, il n’hésite pas à mettre un peu de poil à gratter, à écorner les biens pensants ; il met sous nos yeux les pages sombres de notre histoire, celles que nous nous sommes efforcés d’oublier. Le français n’aime pas toujours savoir…

Présentation de l’éditeur

En Provence, vers 1900. Antoine Rabuis est le treizième rejeton d’une famille de miséreux. Son père alcoolique et brutal l’abandonne à un couple de paysans aisés en mal d’enfant, les Bertrand. Chéri comme un don du ciel, bientôt officiellement adopté, le garçon prend le nom de ses nouveaux parents et se fait prénommer Noël.
Doux, intelligent, serviable, Noël Bertrand remercie chaque jour la Providence de sa générosité. Pourtant doué pour les études et promis à un brillant avenir, il préfère rester à la ferme, au milieu d’une campagne qui l’enchante, auprès de ses nouveaux parents qu’il vénère par-dessus tout.
Malheureusement la guerre éclate. Noël est appelé sous les drapeaux : adieu la rêveuse Catherine, adieu la sauvageonne Cécile entre lesquelles son cœur balançait.
Mais comment courir au massacre, quand on a appris à aimer passionnément la vie? Pour Noël, la tentation est grande de changer une nouvelle fois d’identité…

Un peu de l’auteur

Né à Nice, Jean Siccardi vit à Saint-Cézaire dans une ancienne chapelle qui domine Cannes, l’Esterel et la Méditerranée. Il partage avec quelques millions de citoyens de Marseille, Nice et Menton le privilège de porter un nom italien : celui de ses grands-parents qui, au début du xxe siècle, ont émigré du Piémont vers la France, dans le comté de Nice. C’est dans ses racines qu’il puise les sentiments et les personnages qui font la force brutale, romantique et drôle de ses histoires.

La Méditerranée au sens très large de ses frontières, de l’Espagne à l’Italie, le conduit à découvrir à chaque saison le bonheur tout naturel d’être du Grand Sud et de fouler les traces de Giono, Bosco, Suarès.

Auteur d’ouvrages poétiques, d’albums pour la jeunesse, de pièces de théâtre et de romans, Jean Siccardi est un polymorphe de l’écriture. Pour lui le travail d’écrivain est un véritable métier que l’on ne peut partager avec rien d’autre ; une vie entière hors des modes, des courants et des écoles. “On doit consacrer sa vie entière à son métier d’écrivain, sans aucune concession ni indulgence. ”

Il contribue aussi à des formations pour les maîtres, les éducateurs et les animateurs sur le thème des ateliers d’écriture. Il est à l’origine de nombreuses expériences d’écriture depuis 1972, dans les quartiers sensibles, les cités, les ZEP…

Crédit bio & photo Editis :

Détails sur le produit

• Broché: 460 pages
• Editeur : Calmann-Lévy (24 janvier 2018)
• Collection : Cal-Lévy-France de toujours et d’aujourd’hui
• Langue : Français
• ISBN-10: 2702153941
• ISBN-13: 978-2702153949
• Dimensions du produit: 15,5 x 3,6 x 23,5 cm

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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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