La traque de la musaraigne, de Florent Couao-Zotti

 

Dans la lignée des polars qui ont du muscle, « La traque de la musaraigne », de Florent Couao-Zotti ce classe dans la catégorie poids lourds. D’un style rapide, avec une très jolie langue autant imagée que fleurie il entraîne le lecteur dans les coins sombres du Bénin. Enfin, sombre surtout pour les non-initiés comme Stéphane le héro du livre, qui, malgré lui, se retrouve plongé dans le quotidien du monde de la débrouille à la mode exotique. Un dépaysement conduisant le lecteur dans l’entre deux : la frontière entre ce que l’on doit faire et ce que l’on peut faire est aussi étroite que la vertu de certaines égéries désireuses d’apporter de l’aide au blanc qui broie du noir. C’est un livre qui se lit d’une traite, un voyage captivant, où les rebondissements se succèdent en chaine, sans temps mort.

Cet univers particulier montre aussi la faiblesse des pays qui se cherchent encore un avenir, où le système D est roi car pour vivre il faut du ressort et de la ficelle, à défaut d’argent circulant. Ce qui peut révolter nos consciences peut, pour d’autres, n’être qu’une logique d’un mode de survie très normal. Stéphane, victime sans l’avoir cherché, apprend vite que le don du cœur se paye en monnaie équivalente, mais les intérêts se règles avec d’autres arguments, non sans conséquences…

Le côté à la papa bon enfant et l’à peu prêt de tout et la certitude de rien pimentent agréablement ce roman. Reconnaissons tout de même qu’il est sûrement plus facile d’en sourire depuis nos canapés européens que des faubourgs béninois.

Dans la grande lignée des polars africains, Florent Couao-Zotti se place près des meilleurs du genre.

Florent Couao-Zotti est un nouvel entrant dans les collections des éditions Jigal et, cela n’a rien de surprenant : Quel talent !

4ème de couverture

Quand Stéphane Néguirec, jeune Breton un brin rêveur, poète à ses heures, amoureux du large et des horizons lointains, débarque à Cotonou, au Bénin, il ne sait pas encore que question dépaysement, il va être servi !

Aux paysages enchanteurs qui l’électrisent, s’ajoutent les charmes des filles aux courbes délicieuses et notamment, ceux de la mystérieuse Déborah Palmer qui lui propose très vite un mariage blanc contre une fortune en billets verts.

À l’autre bout de la ville, Jésus Light, un voyou ghanéen, traque sans relâche sa femme, Pamela, partie précipitamment avec le butin de son dernier casse…

En temps normal, leurs chemins n’auraient jamais dû se croiser… Mais c’était sans compter sur cette bande de ravisseurs islamistes venus du Nigeria voisin à la recherche d’otages européens…

L’auteur

Florent Couao-Zotti est un écrivain béninois, né à Pobé le 18 juin 1964. Diplômé d’une maîtrise de Lettres Modernes, en juin 1988, à l’Université nationale du Bénin. Une des voix majeures de la nouvelle littérature africaine, lauréat du Prix Ahmadou Kourouma 2010, nous livre dans ses romans un âpre condensé de l’actualité politique en Afrique de l’Ouest.

Détails sur le produit

  • Broché: 215 pages
  • Editeur : Jigal (15 février 2014)
  • Collection : Polar
  • Langue : Français
  • ISBN-13: 979-1092016130
  • ASIN: B00I4M552O
  • Dimensions du produit: 19,4 x 12,4 x 2 cm

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Extrait du livre

Un œuf dans la bouche vaut mieux qu’une poule au poulailler.

Stéphane Néguirec regardait la fille qui se contorsionnait devant lui sur le podium, les yeux secs et exorbités d’un meurt-de-faim. Elle ne semblait pas danser, elle lui donnait plutôt l’impression de voltiger, avec ses bras marqués de traces de kaolin, et ses jambes, auréolées de perles qui battaient le sol à intervalles réguliers. Elle accompagnait ces mouvements de roulements de reins, de courts et vifs ondoiements du bassin, offrant au plaisir des yeux l’image de ses hanches ciselées, sculptées comme les jarres du pays Sè.
Le jeune Breton aspira férocement sa cigarette et en cracha la fumée vers le plafond noir du bar. Personne ne fit attention à cette énième volute vaporeuse. Ici, tout le monde était aussi fumeur que buveur et il y avait, tacitement, une concurrence entre tous. Cause : le bar Kama Sutra restait dans la ville, le seul îlot de jouissances exacerbées où alcool, tabac et sexe se donnaient le change.
Stéphane ne pouvait plus quitter la danseuse du regard. Après les bras, les hanches, c’était maintenant dans son entrejambe qu’elle invitait le public à plonger les yeux. Sa mini-jupe noire, plaquée sur son corps, était devenue accessoire sur ses longues jambes emprisonnées par ses jarretelles aux mailles de toiles d’araignée. Mais dans ses mouvements, la mini devenait hyper-mini qui se rétrécissait, se retroussait vers le haut, laissant la vedette au slip, un string dentelé, perforé au milieu de petits trous amicaux.
Le jeune Breton ne risqua pas ses yeux sur l’alentour pour se rendre compte de ce qui se passait. Sinon, il aurait vu les autres clients, debout ou affalés sur leurs chaises, en train de s’agiter, de discipliner les bosselures de leurs pantalons. Il en aurait même vu d’autres, la langue sur la poitrine, en train de répandre de la bave. Certes, lui, le Breton, n’était pas encore tout liquide, mais montaient inexorablement en lui la même soif irrépressible, la même envie sauvage de savourer la danseuse jusqu’à plus sec.
La musique finissait. L’orchestre qui animait la soirée redoubla de fureur. Le soliste, un vieux bonhomme au crâne dégarni, livrait les dernières notes de sa guitare. La danseuse lui répondit par un dernier coup de rein, appuyé par un soupir rauque et violent, comme l’ultime acte d’une jouissance époustouflante. Puis suivirent des roulements du djembé relayés aussitôt par les ovations et les acclamations du public. Stéphane ne pouvait, lui, crier. Il se contentait d’applaudir, comme un niais subjugué par un tour de magie. Mais le temps de souffler, de redescendre à terre, il sentit une main se glisser sur son épaule droite et lui pétrir la clavicule.
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A propos Jérôme Cayla

Chroniqueur littéraire, lecteur, auteur de deux romans : Mathilde et Trois roses blanches. Je travaille habituellement avec les services presse des maisons d'éditions Me contacter par Mail sur contact Presse pour les livres en services de presse.
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